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Conséquences de l'accident de Tchernobyl sur les populations

Trois types d’effets peuvent être observés après un accident nucléaire

De façon générale, trois types d’effets peuvent être observés après un accident nucléaire :

- les effets directement liés à l’exposition aux radiations, notamment par l’ exposition des individus aux rayons gamma;

- les effets indirects liés à la catastrophe elle-même : troubles psycho-pathologiques, effets liés à des modifications du comportement habituel (ex. : modification des habitudes alimentaires).

- les effets « évoqués ». On désigne ainsi l’augmentation de maladies a priori sans rapport avec les radiations mais pour lesquelles le public s’interroge sur un lien possible avec l’accident.

Nous nous intéresserons uniquement aux conséquences directes des radiations.

L'effet des radiations radioactives sur l'organisme

Les effets biologiques d’une irradiation résultent de phénomènes élémentaires physiques et radiochimiques. Lors des collisions entre les rayonnements ionisants et les électrons des atomes de la matière vivante, l’énergie peut provoquer une excitation ou une ionisation de l’atome. L’ionisation peut entraîner la rupture de la molécule. Dans le cas des molécules d’eau, ce phénomène entraîne la formation de radicaux libres , doués d’une grande réactivité chimique. Ils agissent à leur tour sur d’autres molécules, initiant ainsi une cascade de réactions qui touchent des molécules qui ont une grande importance au plan biologique, ADN et enzymes, par exemple.

Le bon fonctionnement d’une cellule et la transmission fidèle de l’information génétique aux cellules filles dépendent de l’intégrité de l’ADN. Son atteinte directe ou indirecte, sous l’action des radicaux libres, provoque des lésions des nucléotides.

Il existe, fort heureusement, des systèmes de réparation de l’ADN qui, s’ils ne sont pas endommagés, permettent à la cellule de redevenir normale.

Des effets dits déterministes ou non stochastiques surviennent lorsque la dose reçue en un temps bref dépasse une certaine valeur (la dose-seuil), en-deçà, aucun effet n’est décelable.

Lorsque le nombre de cellules mortes dépasse la capacité de régénération des tissus on observe des effets tissulaires. Au-delà d’un certain taux de mortalité cellulaire, les lésions sont observées chez tous les sujets irradiés et leur gravité augmente avec la dose. La dose-seuil varie entre quelques grays et quelques dizaines de grays selon le tissu considéré. Les effets apparaissent après un délai allant, selon les tissus, de quelques heures à plusieurs mois et qui dépend du rythme de prolifération et de mort des cellules dans le tissu.

Les effets tissulaires dépendent de l’étalement dans le temps et du volume irradié. Une dose de 4,5 Gy ,délivrée en une fois, à l’ensemble de l’organisme, provoque, en l’absence de traitement, la mort de la moitié des sujets irradiés. Le même organisme soumis à une dose identique, mais suffisamment étalée dans le temps, ne subira aucun dommage (ou pourra les réparer entre chaque séance). La même dose, distribuée en une exposition unique, à un endroit localisé du corps occasionnera un simple érythème . Le tableau suivant donne une estimation des doses-seuils et des effets déterministes qu’elles induisent en fonction des tissus irradiés.

Conséquences Tchernobyl sur le corps humain
Conséquences Tchernobyl sur le corps humain

Tchernobyl a causé de nombreux cancers

L’apparition de cancers est une conséquence possible de l’exposition aux radiations. Selon la théorie classique, le cancer résulte de mutations qui modifient la séquence de cer-tains gènes : les gènes suppresseurs de tumeurs, dits anti-oncogènes (ex. : rb ou p53) et les gènes qui favorisent le prolifération des cellules, dits oncogènes (ex. : braf ou c-erbb3). Les mutations qui touchent les anti-oncogènes font disparaître les protéines qui inhibent la division cellulaire. Les cellules qui auraient normalement dû être éliminées survivent. Les mutations qui affectent les oncogènes ont pour effet d’accélérer la multiplication cellulaire ce qui provoque la multiplication des cellules dont le génome est muté. Petit à petit, les cellules cancéreuses envahissent les tissus voisins, atteignent le sang et sont disséminées dans tout l’organisme, formant des métastases. Il existe aujourd’hui d’autres théories qui tentent d’expliquer certaines observations dont la théorie classique ne peut rendre compte de façon satisfaisante.

La fréquence des cancers radio-induits dépend de la dose reçue mais leur gravité est indépendante de celle-ci.

Ils apparaissent après un temps de latence variable selon l’organe ou le tissu : trois ou quatre ans pour les leucémies et de cinq à trente ans pour les tumeurs solides (cancers du côlon, du sein, du poumon, etc.).

Les organes cibles sont différents selon les types de radionucléides rejetés.

Les cancers radio-induits ne sont pas différents de ceux qui sont apparues sponta-nément.

L’effet cancérigène des radionucléides est mis en évidence par l'analyse statistique des études épidémiologiques comparant la fréquence des cancers dans la population irradiée et dans une population témoin non irradiée. L’étude épidémiologique la plus importante a porté sur les survivants des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. Parmi les personnes qui avaient reçu une dose variant entre quelques dizaines de mSv et 3,5 Sv, on a observé environ 800 cancers et leucémies en excès. Aucune augmentation de la fréquence des cancers n’a été décelée sur les 35 000 survivants ayant reçu moins de 200 mSv ; au-delà de cette dose la proportion de cancers en excès augmente avec la dose.

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